8ème Festival International de Viole de Gambe d’Asfeld

Connaissez-vous la viole de gambe d’Asfeld ? Peut-être pas ! Il s’agit pourtant d‘un monument unique en France, et probablement dans le monde. Alors, lisez l’histoire très originale de cette église.

Où est Asfeld ? A moins de 150 kilomètres de Paris. Prenez l’autoroute de l’Est et avant Reims, prenez vers la gauche l’autoroute (A 26) qui mène vers le nord de la France. Encore quelques kilomètres, et vous vous retrouvez sur une petite route de campagne qui longe l’Aisne. Et là, … surprise ! Vous découvrez le village d’Asfeld, et son église.

Ce village est ancien (il s’appelait à l’origine Avaux) mais son histoire récente est liée à celle de la famille « de Mesmes » qui avait acheté le fief au début du règne de Louis XIV. L’église étant en ruine, le nouveau maître des lieux, Jean-Jacques de Mesmes Comte d’Avaux, décide de la reconstruire.

Nous sommes au début des années 1680, c’est à dire au moment de la construction du Château de Versailles. Le nouveau maître des lieux est un homme célèbre qui a participé activement à la signature du Traité de Nimègue. C’est également un érudit qui a voyagé, en particulier en Italie, et qui est tombé amoureux de l’art baroque avec ses dômes, ses coupoles et ses colonnades. C’est ce qui le conduit à vouloir un monument original et qui fera date. C’est ainsi qu’il décide de confier la réalisation de la nouvelle église à un architecte de renom : le Frère Dominicain François Romain qui venait d’acquérir une prestigieuse réputation en réussissant à résoudre les problèmes techniques liés à la reconstruction du Pont Royal à Paris.

Le Comte d’Avaux demande à l’architecte de s’inspirer de l’art nouveau et surtout de concevoir un monument qui soit lui-même un instrument de musique afin que les chants et les prières des fidèles soient encore mieux portés vers le ciel. C’est ce « cahier des charges » qui conduit le Frère Romain à concevoir ses plans en s’inspirant de la viole de gambe dont le son rappelle si bien la voix humaine.

Bien entendu, on peut gloser sur cette similitude : certains penseront plutôt au violon ; d’autres diront que l’Eglise ressemble davantage à un miroir. Pour des raisons d’ordre technique et esthétique, l’architecte a pris quelques libertés avec les plans originaux des luthiers parisiens… mais l’allure générale du monument est bien celle d’une viole. Et de toute façon, pour nous, il n’y a absolument aucun doute !

L’église est bâtie en briques, de façon très rapide. C’est pourtant un vaste monument qui se compose de trois parties : le péristyle, entouré d’une colonnade ajourée et couvert d’une toiture oblongue; le campanile, orné de baies cintrées, surmonté d’un clocheton; la rotonde, lieu du culte. Des colonnades d’inspiration italienne relient toutes ces parties entre elles.